Voici une nouvelle discussion de notre série “Lean Manager Interview” où des leaders partagent avec nous ce qu’ils essayent de réussir avec des pratiques du Lean Management. Le focus est mis sur ce qu’ils expérimentent pour mieux satisfaire leurs clients, améliorer les conditions de travail, réduire des gaspillages ou encore apprendre plus vite ensemble avec leurs collègues.
Si vous souhaitez être interviewé de la même manière, n’hésitez pas à m’écrire, je vous appelle pour discuter des points essentiels.
Qui es-tu ?
Je m’appelle Marek, je suis Directeur Technique et cofondateur de BAM. Ma responsabilité de Directeur Technique est de faire en sorte que les équipes de développement réussissent leurs projets. En tant que cofondateur, je fais évoluer BAM pour créer l’entreprise la plus performante possible.
Quel est ton métier ?
Chez BAM, nous produisons des applications mobiles. Dans ce contexte, j’ai plutôt un métier de Coach. Avec la taille de BAM aujourd’hui – nous sommes 60 personnes – j’accompagne surtout les leaders techniques sur les projets pour qu’ils coachent leurs équipes au mieux sur : les meilleures pratiques de programmation, comment réussir le projet, comment mieux collaborer avec le client.
Comment fais-tu du Lean chez BAM ?
C’est une question complexe car en réalité je fais plusieurs choses. La 1ère et la plus importante de mon point de vue est que j’aide les équipes à fixer des objectifs sur la qualité et la vitesse de développement des applications. Nous devons mettre tout en œuvre pour que les clients soient super satisfaits. Pour cela l’équipe projet doit livrer une application très rapidement tout en faisant un super produit. Le 2ème élément est que je fais des « Go & See » avec les développeurs et les architectes pour les aider à voir les écarts entre ce qu’ils font aujourd’hui et ce qu’il faut faire pour mieux réussir. Enfin, j’aide également les équipes à résoudre les problèmes qu’ils rencontrent et créer des standards de travail, pour ainsi diffuser les apprentissages.
Qu’est-ce qu’un problème pour vous ?
Un problème pour nous c’est un écart avec un objectif à atteindre. Par exemple nous voulons produire zéro bug, donc un bug identifié est un problème. Il en est de même pour un retour client négatif. Nous quantifions chaque semaine la satisfaction de nos clients et dès qu’un retour est en dessous de « très satisfait », nous considérons qu’il y a un problème. Les problèmes pour moi ce sont aussi tous ces irritants qui diminuent la productivité des équipes de développement.
Quel est la place du management visuel chez vous ?
Nous l’utilisons à BAM pour piloter les projets et matérialiser notre démarche de « Kaizen ». C’est notre outil de travail.
Pour moi le plus important pour un visuel, c’est qu’il soit utilisé, qu’il vive. La performance doit être claire, lisible et l’équipe doit savoir embarquer toute personne extérieure dans ce qu’elle essaye d’apprendre. Le problème avec les visuels qui sont trop beaux est qu’ils sont souvent difficiles à mettre à jour. Alors que pour moi l’objectif c’est aussi d’utiliser rapidement et simplement un visuel comme support à la réflexion. Ces visuels ne sont pas notre showroom !
Comment BAM en est arrivé là ?
En fait, j’ai démarré mon apprentissage avec un Coach Lean en 2013, avant de créer BAM. J’étais avec une dizaine d’architectes et business développeurs et nous avions découvert la démarche PDCA à travers un modèle A3 de résolution de problème. Nous y avions passé beaucoup de temps : identifier un problème, essayer de clarifier la situation, trouver les causes racines puis produire des contre-mesures. Chez BAM, nous appliquons actuellement cette démarche sur les projets. Nous utilisons Scrum comme méthode de production et pratiquons le Lean dans une démarche de résolution de problème quotidienne pour progresser.
Nous avons aussi appliqué cette démarche à tous les domaines de l’entreprise : commercial, recrutement par exemple.
Qu’en est-il de l’alignement ?
Nous avons testé cette année la méthode des OKR. Nous avons cinq objectifs principaux : la satisfaction client, le chiffre d’affaire, la progression des BAMers, le lead time et la qualité des produits. Pour tout porteur de Kaizen, il faut définir un indicateur, et surtout – grâce à un sponsor interne – savoir le rattacher à un indicateur stratégique. C’est ainsi que chacun sait comment il contribue à la réussite des objectifs principaux.
Quelle est la place des personnes dans cette dynamique ?
Notre culture est très axée sur la progression de chacun, c’est mon objectif principal et le Lean est un formidable outils pour cela. Notre système de progression en interne est basé sur des critères de performance, de compétence, d’alignement avec la stratégie de l’entreprise. Au quotidien je fais beaucoup de résolution de problème sur la qualité avec les équipes. Les retours des développeurs sont très enthousiastes : « là j’ai vraiment appris quelque chose », « c’est super intéressant », « cela me donne envie de creuser ».
Les membres d’équipe adhèrent et apprécient la démarche Lean que nous avons pu mettre en place. Nous passons tous les ans le questionnaire « Happy At Work ». Dans notre catégorie de startup, avec une moyenne de 4,74 sur 5, nous sommes à la 5ème place en France pour la satisfaction des équipes. C’est aussi une mesure extérieure qui valide ce que nous observons au quotidien.

Qu’essayes-tu de réussir finalement ?
BAM va réussir si nos clients sont contents de nous. En tant que CTO, quand il s’agit de créer une application mobile, je veux avant tout que ça soit le cas. Nous allons y arriver si nous savons créer des applications qui réussissent. Pour toute application livrée, je voudrais que toutes les personnes impliquées soient fières de leur travail.
Comment BAM va devenir meilleure que les autres ?
Il y a 3 éléments :
- La qualité : quand nous créons une application, le client sait qu’il n’y a pas de bug, et que ses utilisateurs finaux vont adorer l’expérience qu’ils vont vivre.
- Nous savons développer rapidement, c’est à dire dans des délais raisonnables du point de vue du client.
- Nous accompagnons nos clients sur l’aspect business : il ne faut pas seulement que l’application fonctionne, mais aussi qu’elle réponde parfaitement aux besoins des utilisateurs pour faire réussir notre client.
La pratique du Lean nous aide à adresser ces défis et ainsi à mieux servir nos clients.
Pour moi, aujourd’hui, la pratique du Lean chez BAM est un avantage concurrentiel. Les questions qu’elle nous oblige à nous poser contribuent directement à la création de valeur pour nos clients.
Un chiffre qui montre que BAM est meilleur avec le Lean ?
Nous avions un problème de qualité sur un projet car beaucoup de bugs étaient identifiés. Depuis la mise en place d’une démarche d’amélioration continue sur ce sujet, les défauts baissent continuellement de 30% par trimestre. Il faut noter que dans le même temps, l’équipe s’est agrandie et qu’elle continue de livrer des fonctionnalités toutes les semaines.
Des difficultés ?
Ce que nous paraît encore difficile, c’est le soutien de la démarche au quotidien. La résolution de problème et les Kaizen demandent de la rigueur, de la discipline. Or il y a toujours des urgences : un retour utilisateur important, un bug, un nouveau partenaire à rencontrer. Il faut arriver à être à la fois d’être dans la résolution de problèmes profonds et dans l’extinction de ces feux.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Depuis 3 ans et demi, l’entreprise a atteint les objectifs de croissance que nous avons fixé. Cependant nous sommes encore au tout début de notre histoire. Nous avons énormément de choses à apprendre. Notre challenge actuel est la formation. Ce que nous avons appris nous permet de réagir vite et de s’adapter à l’échelle de chaque projet et chaque équipe. Notre challenge actuel est la diffusion systématique des apprentissages. Je veux dire que quand une amélioration est identifiée, faire en sorte que toutes les personnes qui en ont besoin l’aient au bon moment. Pour y arriver il nous faut encore nous assurer que les standards sont bien écrits, faciles d’accès et la formation bien structurée.
Qu’en as-tu appris personnellement ?
La pratique du Lean m’a permis de trouver comment former les membres de mon équipe. Pour moi le Lean est une super façon de se confronter à la réalité des choses. Je reviens toujours à l’amélioration de la qualité. Au début de BAM, j’arrivais à travailler avec chaque développeur. Puis l’entreprise grandissant, j’ai perdu de la visibilité sur les sujets techniques. Or, nous avons besoin de regarder tous les points bloquants, les sujets sur lesquels nos équipes ont du mal à réussir et axer notre stratégie de sorte à les résoudre. La pratique du Lean m’aide à diminuer ce problème de visibilité.
Une question pour vos lecteurs ?
Que veut dire la qualité dans votre entreprise ? Quel est l’état actuel de cet indicateur toutes les semaines, et que faites-vous pour être meilleur ?
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